Un impact mouillé brise le silence du tableau.

Sous un porche de pierre, un flamant rose patiente.
Au-dessus de lui, un babouin se gratte.
Autour d’eux, un cimetière.

L’oiseau lève le bec et cancane.
« Auriez-vous la bonne obligeance, mon cher,
de m’indiquer, s’il vous plait, notre situation météorologique ? »

Le singe tire la langue.
« Fait pas chaud, cousin. Une goutte est tombée. »
Il replace les bretelles de son marcel, montre ses dents.
« Pourquoi ? »

Le flamant soupire.
« C’est que notre brave hôte est parti chercher mon café il y a une dizaine de minutes déjà…
Je crains de m’endormir s’il tarde encore trop.
Vous, mieux que quiconque, savez les conséquences que cela aurait sur notre mission. »

Le singe sautille jusqu’au sommet de son promontoire
et observe les environs.
« Il est nulle part en vue, cousin. Ça sent la pioncette et le roussi. »
Il tire consciencieusement sur la peau de son scrotum.
« Mais je vois pas le rapport avec la température ? »

Un bâillement plumeux lui répond.
« Voyons, monsieur du primate, ne vous faites pas plus bête que nature.
Vous ne pouvez ignorer qu’aucun escargot au monde,
qu’il soit banquière ou homme-pipi,
ne peut résister à l’appel de la pluie.
Pas plus qu’un flamant immobile et décaféiné ne peut lutter contre une sieste.
Ni un babouin fuir une bataille d’excréments. »

La voix du singe se fait rêveuse.
« Ça manque de crottes, ici… »

Et cependant que nos deux comparses oublient leur objectif au profit des songes,
la chute d’une deuxième goutte leur échappe,
le café refroidit
et Basile danse.