Un jour que j’étais au Louvre, absorbé dans la contemplation des pavés de la cour principale, je me laissais transporter par la douceur et la chaleur avec lesquelles les rayons du soleil venaient effleurer la pierre... Quand cette vision m’a envahi.
J’étais devenu un jeune garçon neuro-atypique, accroupi confortablement à l’un des angles de la place, les talons à terre, les coudes sur les genoux, les yeux grands ouverts.
Le soleil me chauffait le dos.
Je tendais un doigt et touchais le pavé le plus proche de moi en émettant un calme et joyeux « Ha ». Et le monde était changé par ce geste.
Mais, tout à ma tâche, je repliais insouciamment mon bras, avançais d’un pas minuscule mes deux pieds et m’en allais à la rencontre d’un deuxième pavé.
Puis d’un troisième.
Peu importe le temps que cela prendrait, la place entière devait y passer.
La première pensée que cette scène m’inspira fut celle-ci que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas songé à un meilleur objectif de vie. Établir un contact avec toutes les pierres d’une esplanade, d’une ville, du monde. Avec la tranquille magnificence minérale de la Terre.
Et bien sûr, aussi, faire preuve de caractère.
Ces éclats multicolores que mon jeune alter ego faisait inconsciemment naître autour de lui... C’était, je crois, sa détermination.